Source : extrait du livre « santé et environnement », écrit par William Dab, collection « Que sais-je »
Dans l’analyse des relations entre l’environnement et la santé, le cœur du problème réside dans la capacité à évaluer correctement les expositions et les doses (durée de contact avec la substance et quantité de substance absorbée). C’est cette difficulté qui est la principale explication de l’incertitude qui caractérise souvent les débats sur le rôle de l’environnement sur la santé de l’homme. C’est elle qui créé le paradoxe essentiel de notre problématique.
L’exposition est l’intensité du contact entre l’homme et les agents présents dans les différents milieux. Elle désigne la rencontre entre les personnes et les agents présents dans les milieux. L’exposition aux facteurs environnementaux peut être aigüe, chronique, discontinue ou continue et alternée. La situation actuelle se caractérise avant tout par des expositions de faibles niveaux mais chroniques et multiples avec des interactions complexes. L’estimation de l’exposition est donc une tâche ardue. On dispose de méthodes directes et indirectes. Ces dernières permettent de classer de façon comparative les expositions au sein des populations. On arrive ainsi à des échelles par exemple à 4 niveaux : non exposé, peu exposé, moyennement exposé, très exposé. On utilise pour cela des questionnaires ou des informations comme le lieu du domicile, la nature des tâches au travail, etc. Les méthodes directes sont fondées sur des mesures biologiques. Ainsi, pour certains composés toxiques persistants et mesurables dans les fluides biologiques ou les tissus (comme les métaux lourds ou les substances organochlorées), on peut réaliser des mesures dans le sang, les urines, les cheveux ou le tissu graisseux et avoir ainsi une appréciation quantifiée de l’imprégnation des polluants toutes sources d’exposition confondues. Le biomesurage est la voie de l’avenir.
Cependant, la seule connaissance de l’exposition est insuffisante pour compréhension complète de la relation entre l’environnement et la santé. Car, in fine, c’est bien la quantité de la substance effectivement active sur les cibles au sein de l’organisme humain qui va déterminer son effet. Il y a donc une différence essentielle à faire entre les notions de contamination, d’exposition et de dose. La contamination concerne la qualité des différents milieux. Un milieu très dégradé ne constitue pas nécessairement une menace pour l’humain. S’il n’existe pas de possibilité de contact entre un individu et ce milieu dégradé, on a peut être un problème écologique à résoudre, mais pas un problème de santé publique. Ce qui compte, de ce point de vue, c’est la dose biologiquement active, c’est-à-dire la quantité de polluant qui atteint les organes cibles susceptibles de voir leur fonctionnement altéré. Or, la connaissance de cette dose est fort difficile à obtenir, et c’est pourtant la clé du lien entre l’environnement et la santé.
Il importe donc de distinguer présence de substances dans les milieux, concentration, exposition et dose.